ETAPE 1 : PARIS



Zone d'Education Prioritaire
Champigny


A la base je ne devais que passer voir des amis et acheter des livres.
Mais j'en ai profité pour m'entraîner un peu.
Je tiens à remercier les personnes qui ont accepté d'être interviewées. Vous avez été formidables !

Tout d'abord il y eu ce couple croisé à une brocante de jouets : Faith et Eliott.
En voyant ma pancarte elle fut intriguée. Ils s'assirent sur le banc.
Je les équipai chacun de micros cravates et j'allumai ma caméra...


On voyait qu'ils avaient des choses à dire.
Ils admirent tous les deux s'être ennuyés à l'école.


Faith était dans une école de filles au Pays de Galles où les relations sociales étaient bien trop compétitives. Tout était centré sur l'évaluation, les tests. Même quand il s'agissait de jouer une pièce de théâtre c'était afin de présenter une bonne image auprès des parents et les rôles étaient distribués en fonction des résultats scolaires.
Elle aurait apprécié qu'il y ait plus de coopération.
Aussi aborda-t-elle un ouvrage étudié avec sa professeur de Lettres préférée : Sa Majesté des Mouches de William Golding.
Pour Faith, les enfants sont capables d'initiatives que la plupart des adultes ne soupçonne pas. Ils ont même tendance à les réprimer.
Cependant les enfants ont souvent besoin de la protection des adultes car, même si dans ce livre certains arrivent à recréer une société démocratique, la violence est instinctive et c'est la loi du plus fort qui finit par régner.
Quant à Eliott ce n'est pas le contenu mais la structure même de l'école qu'il n'acceptait pas.
Ses relations avec les professeurs semblaient problématiques.
Le fait que l'Institution scolaire décide à la place de l'enfant ce qu'il devait apprendre et dans quelle mesure fut une source de découragement accentuée par l'ingérence régulière d'évaluations pénalisantes.
Je vous laisse écouter la manière dont il a retourné avec habileté ma question : Comment motiver les élèves ?





Septembre c'est la rentrée des classes mais c'est aussi la sortie des banderoles et drapeaux de la lutte des classes !
Trois manifestations prévues en deux semaines, il fallait que j'assiste au moins à l'une d'entre elles.
J'ai rencontré quelques "camarades" qui ont bien voulu être interviewés ...
Margot et son copain :



 Marie Thérèse :



Et enfin Valérie, une mère en colère :


Elle m'a interpellé du haut des marches de la place de la République : "Moi j'ai des choses à dire sur l'éducation !"


L'autostop et le covoiturage m'ont toujours fait rencontrer des personnes extraordinaires. Probablement parce que ces modes de transport nécessitent déjà une certaine idée du partage, d'un moment ou d'une réflexion ...
Voici Tahi El Madani :


Aiguilleur du ciel à la retraite, Tahi est un être exceptionnel !
Il venait d'obtenir, non sans mal, un visa pour venir à Paris faire des analyses dans un laboratoire afin de soigner sa fille en Algérie.
Sa femme est institutrice et pour lui, c'est un honneur.
Il se souvenait très bien de son professeur d'Histoire, un communiste français, qui sans jamais essayer de les endoctriner leur a ouvert les yeux sur le monde et son fonctionnement.
"On pouvait discuter. Il nous a appris la libre pensée."
Tahi a traversé le désert du Sahara de long en large. Il a été maire de son village et a œuvré à l'acceptation des handicapés mentaux dans les activités associatives. Il a même rencontré la ministre de l'éducation.
D'origine kabyle, il n'a pas la langue dans sa poche et m'a fait part d'une analyse très argumentée de l'Histoire de son pays et de l'Autre 8 mai 45. 
(un film documentaire à voir http://www.dailymotion.com/video/x204cul_l-autre-8-mai-45-1-5_webcam)
Il est aussi devenu très pratiquant et il y a une sagesse bienveillante qui se dégage de son discours.


Il y a bien une personne que j'avais prévu de revoir et d'interviewer.
C'est Thierry Lemahieu :


Thierry a été enseignant pendant 20 ans à l'école Solomon au cœur d'une des cités les plus massives de la région parisienne : celle du Bois l'Abbé à Champigny. 23 000 habitants, une tour de 30 étages et l'école implantée au milieu des barres à côté du commissariat. 

 

Il s'occupait des enfants d'une Classe pour l'Inclusion Scolaire (CLIS) rebaptisée ULIS. Moins d'élèves mais en grandes voire très grandes difficultés scolaires. 
Thierry est le soutien auquel je dois le fait de ne pas avoir abandonné le métier d'enseignant dès le début. 
Parce que vous savez quoi ? C'est dans cette école que j'ai occupé mon premier poste, dans une classe de CM2 survoltés.
Il m'a ouvert la porte de sa classe et j'ai vu qu'on pouvait y arriver : un petit coin de paradis dans la jungle de béton.
Comment a-t-il fait pour tenir aussi longtemps ?
Tout d'abord je pense que Thierry est une personne doté d'une extrême bonté. Il est aussi ancien joueur de volleyball qui approche les deux mètres. Le défi sportif ? L'esprit collectif m'a-t-il avoué.
C'est le travail en équipe qui lui a donné envie de rester. Il a toujours essayé de travailler avec les autres classes et il ne s'est jamais senti exclu.
"On peut presque toujours trouver des intérêts communs avec les autres enseignants. Dès que tu en repères un, tu dois foncer, même s'il faut parfois mettre de côté des projets personnels qui te tiennent à cœur ..." 
Mais c'est aussi le fait d'avoir un public particulier et en effectif restreint qui lui a permis de s'émanciper des programmes scolaires qui sont de bons repères mais très souvent de grands remparts à l'innovation pédagogique.
Son analyse concernant l'évolution de la violence à l'école a plus particulièrement retenu mon attention.


Autre question : les programmes sont-ils un repère ou un rempart pour l'enseignant ?

Je remercie à nouveau Thierry pour l'interview et l'accueil.
Voilà, maintenant c'est parti pour le road trip !
Un passage chez les ch'tis et prochaine destination la Belgique !